pour qui les regarde d'une terrasse de bis-trot sillonner jardins publics et trottoirs les écouteurs dans les oreilles, les runners ou joggers (en clair, les coureurs à pied) ont l'air d'extraterrestres. Pas vraiment tentant! Pourtant, à s'y essayer, la pratique est plaisante et assez vite jubilatoire.
Et plus les scientifiques s'y intéressent, plus la liste des bienfaits de ce sport en toute liberté s'allonge : meilleure oxygénation des tissus, amélioration de la sensibilité à l'insuline et des niveaux de cholestérol et triglycérides, baisse de la pression artérielle, de l'agrégation plaquettaire, amélioration de la fonction cardiaque, de la densité osseuse et des fonctions immunitaires, réduction des marqueurs de l'inflammation, perte de poids rapide (700 à 1000 kcal brûlées en une heure de course», amélioration de la mémoire, de l'humeur... Bref, les grands maux de notre époque (maladies coronariennes, diabètes, obésité, ostéoporose, Alzheimer, dépression) cèdent le pas devant ce sport d'endurance. Et plus l'on court, plus les risques diminuent. Jusqu'à un seuil, aux alentours de 45 minutes par jour, au-delà duquel les bénéfices s'amenuisent au point que l'excès de ce sport peut annuler ses bienfaits cardiovasculaires pour perdre du poids. Courir trop longtemps, trop vite (plus de 12,8 km/h)
ou trop souvent (plus de 30 à 40 km par semaine) ne tue pas, à quelques arrêts cardiaques près, mais nuit: l'abus d'activité d'endu-rance provoque des micro déchirures du myocarde. Des lésions qui dis-paraissent après une semaine au ralenti mais qui, en s'accumulant au fil des ans et des kilomètres, peuvent causer des troubles du rythme cardiaque et accroî-tre les plaques coronaires.
Résultat, trois fois plus de fibrillations auriculaires chez les anciens marathoniens que chez les sédentaires et l'on a décrit chez les vétérans de l'endurance un ensemble de pathologies cardiaques : la « cardiomyo pathie de Philippides». Elle doit son nom au messager qui porta à Athènes la nouvelle de la victoire (nike, en grec) des Grecs sur les Perses à Marathon, et mourut d'épuisement à l'arrivée. Si la course faisait l'objet d'une prescription médicale, elle serait « ni trop ni pas assez». Au mieux : 30 à 50 minutes par séance, à un rythme lent à modéré causant juste un léger essoufflement, et au total de 1 à 2 h 30 par semaine. A cette dose raisonnable, la course accroît l'espérance de vie en bonne santé par plusieurs mécanismes agissant de concert.
L'enquête danoise Copenhague Heart Study, portant sur 20 000 personnes de 20 à 93 ans et publiée en 2012, conclut que courir régulièrement fait gagner en moyenne 6,2 ans à un homme et 5,6 ans à une femme et perdre du poids. Vous êtes tenté? Après l'indispensable passage chez le médecin si vous êtes sédentaire, quadragénaire ou bien enveloppé, investissez dans du bon matériel qui limite les risques de blessures. Puis fixez-vous un objectif, établissez un pro-gramme et enfin enfilez vos chaussures.